Les préoccupations environnementales sont aujourd’hui plus que jamais au cœur des débats. On commence à engager de véritables mutations dans nos habitudes. Or, entre canettes de boissons, cadres de fenêtres, capsules de café, moteurs et transmissions, l’aluminium est un élément incontournable de notre quotidien. Depuis plus d’un siècle, sa production génère énormément de gaz à effet de serre et nécessite une très grande quantité d’énergie électrique. Mais des efforts sont en cours pour aboutir à la neutralité carbone dans la production de ce métal. Comment obtenir un aluminium plus respectueux de l’environnement, mais qui ne perd pas ses qualités ?
Depuis 1886, année de sa découverte, la méthode de transformation de la bauxite qui aboutit à l’aluminium n’a pas changé et a toujours généré beaucoup de CO2. Il faut en effet compter neuf tonnes de CO2 émises pour l’obtention d’une tonne d’aluminium. Ce chiffre comprend les émissions totales issues de l’exploitation minière, du transport de la bauxite, de la production et du raffinage.
Cependant, en raison des préoccupations environnementales, il s’est avéré urgent de s’orienter vers une production moins polluante de l’aluminium. Pour considérer l’aluminium comme étant durable et donc possédant une empreinte carbone faible, le seuil a été fixé à quatre tonnes de gaz à effet de serre émis pour une tonne d’aluminium produite. À terme, l’objectif est de parvenir à une neutralité carbone. Dans cette perspective, le premier levier sur lequel il faut s’appuyer est l’énergie utilisée dans le processus industriel de production de ce métal. Un procédé de production qui se base sur les énergies renouvelables telles que l’hydroélectricité réduit en effet de moitié l’impact environnemental de cette industrie.
Les procédés industriels actuels utilisés dans l’extraction de la bauxite requièrent une grande quantité d’énergie fossile. Avec le recours aux énergies renouvelables pour la production d’un aluminium dit “propre”, on limite désormais les émissions de C02 pour obtenir ce métal particulièrement résistant. On réduit ainsi les émissions de gaz à effet de serre et la cause directe du réchauffement climatique.
Une production d’aluminium qui se situe en dessous du seuil des 4 kg d’émission de C02 pour un kg produit est plus respectueuse de l’environnement. Mais le plus intéressant est sans doute que le recours à l’hydroélectricité dans ce processus industriel n’impacte en rien les propriétés de l’alu.
Un aluminium propre est tout aussi performant qu’un alu extrait selon les méthodes de production datant de la fin du XIXe siècle. Les propriétés mécaniques et chimiques de l’aluminium ne sont pas impactées par cette transition écologique. La différence réside plutôt au niveau du bilan écologique. Les impacts sur l’environnement et le climat sont beaucoup plus limités lorsque l’on a recours à l’hydroélectricité, en comparaison avec les autres sources de production électrique traditionnelles.
L’introduction des énergies renouvelables dans le processus industriel de transformation de la bauxite conduit à une faible émission de carbone. Cependant, des travaux sont en cours pour inverser la tendance et aboutir à la production à grande échelle d’un aluminium qui ne pollue absolument pas.
Cette production d’aluminium contribuera au contraire à émettre de l’oxygène. En opérant des changements structurels dans les méthodes de production, notamment dans le processus d’électrolyse, certaines entreprises ont pu éliminer la production de gaz effet de serre. Cette technologie permet non seulement d’atteindre la neutralité carbone, mais également de produire de l’oxygène.
Depuis 2019, donc, deux alumineries produisent un aluminium à zéro émission de carbone. Il faudra bien entendu attendre avant de voir se généraliser cette technologie, mais il s’agit d’un procédé révolutionnaire dans l’industrie de l’aluminium. On parle d’une production d’oxygène en lieu et place de gaz à effet de serre.
Mais cette technologie va plus loin. En plus d’éliminer la production de gaz à effet de serre, elle permet d’abaisser les coûts de production et d’augmenter la productivité des entreprises. C’est un tournant majeur quand on sait que la production d’alu primaire non recyclé a encore de beaux jours devant elle.
La nouvelle technologie est une rupture avec une pratique centenaire. Elle se base sur l’introduction d’anodes inertes dans la production de l’aluminium. Il s’agit d’un procédé d’électrolyse qui permet d’éliminer l’utilisation du carbone. Rien qu’au Canada, on parle d’une économie de sept millions de tonnes de gaz à effet de serre avec cette technologie. C’est l’équivalent de près de deux millions de voitures qui seraient enlevées des routes. Décarboner l’aluminium tout en améliorant la productivité des alumineries (tout ceci à un coût plus faible) est désormais un pari réussi.
À présent, les efforts devront se tourner vers un meilleur recyclage de l’aluminium (qu’il s’agisse de fenêtres, de portails ou d’autres installations devenus obsolètes), pour faire face à la demande sans cesse croissante dans ce secteur.
On ne peut vraisemblablement se contenter d’extraire l’alumine de la bauxite pour tous nos besoins. Nos ressources sont limitées. La production de l’aluminium primaire est certes, importante, mais il convient de s’inscrire dans un modèle de réutilisation de l’aluminium en fin de vie. On estime que refondre l’aluminium post-consommation permet d’économiser jusqu’à 95 % de l’énergie utilisée dans une production primaire.
L’aluminium est donc presque entièrement recyclable dans le cadre d’une économie circulaire. En effet, une grande partie de l’aluminium que nous utilisons est déjà recyclée. Selon le secteur d’activité, le taux de recyclage peut varier significativement. Par exemple dans l’automobile et le bâtiment, ce taux oscille autour de 90 %, loin des modestes 40 % environ dans le secteur des emballages.
Parce qu’il peut être recyclé à l’infini, contrairement à d’autres métaux, l’aluminium s’inscrit désormais dans une économie circulaire plutôt que dans une économie linéaire. Fini le gaspillage, car en fin de vie, on procède à l’usage de la mine urbaine.
La mine urbaine implique la réintroduction de l’aluminium présent dans des produits dans un nouveau cycle de vie ou de fabrication, tout en obtenant une matière première exactement de la même qualité. On peut donc en déduire que le fait de réutiliser le maximum d’aluminium possible en vaut la peine. Les techniques actuelles permettent déjà de fondre et de remouler l’aluminium et ses alliages sans impacter leur qualité. En plus de cela, de nouveaux processus industriels répondent à ce besoin de recyclabilité des produits. On estime à deux cents millions de tonnes la quantité d’objets en aluminium dans le monde entier pouvant être exploité à 100 % en fin de vie. Lorsqu’on compare le chiffre ahurissant au taux de 95 % d’économie d’énergie qu’engendre l’économie circulaire de l’aluminium, on peut aisément estimer le poids de l’usage de la mine urbaine sur l’environnement.
L’économie circulaire ne permet pas seulement d’avoir de l’aluminium de même qualité sans produire abondamment du gaz à effet de serre. Elle permet également de réduire les déchets. L’aluminium n’est pas véritablement un métal rare. C’est le troisième élément le plus abondant sur terre. Mais sans une politique stricte de recyclage, il sera impossible de respecter l’environnement. Est principalement visé l’aluminium à usage unique qu’on retrouve principalement dans le secteur de l’alimentation. Un aluminium plus propre est donc aussi un aluminium recyclé certifié, car il contribue à limiter l’émission de gaz à effet de serre.
L’aluminium propre existe depuis des années. Il implique un produit dont le cycle de vie a une empreinte carbone faible. L’empreinte carbone est calculée depuis l’extraction de la bauxite, jusqu’à la fin de vie de l’aluminium, en passant par sa fabrication.
Un aluminium plus vert est celui qui est recyclé et qui est produit grâce aux énergies renouvelables ou dont le processus d’électrolyse implique l’utilisation d’anodes inertes pour émettre de l’oxygène en lieu et place de gaz à effet de serre. Quels que soient les procédés, utilisés, l’aluminium propre conserve toujours sa qualité et ses propriétés chimiques, physiques ou mécaniques.
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